lundi 15 novembre 2010

WHY DO YOU LISTEN TO THAT MAN, THAT MAN'S A BALLOON

Suite et fin de ma lente ré-acclimatation dans cette ville que je chéris autant que la maudis, où l'Espace B aura été le dernier maillon d'une longue chaîne pour me convaincre d'une fois pour toute poser mes bagages et rester.


Planqué au fin fond du 19ème, ce petit resto-bar abrite une salle de concert dont on ne se serait douté si on ne devait assister à celui des Wild Nothing. Une petite terrasse permet de fumer une dernière cigarette sans se presser, avant de s'accouder au bar au zinc et commander un verre de vin, à un prix pour une fois raisonnable. Au fond, un petit couloir mène à la salle en elle-même. Une épaisse moquette rouge recouvre le tout et rappelle les vieux squats des ex-potes musicos, que la vie de bohème faisait autrefois rêvée, avant qu'ils ne soient rattrapés par la réalité et l'école de commerce que papa a choisi pour eux et finance, par la même occasion. Tout ça pour dire, qu'on se sent aussitôt familier dans ce lieu, bien que ce soit la 1ère fois que l'on y risque nos talons.

Quand on entre le concert des français de The Twins est sur le point de s'achever. Le public, bien que restreint, hoche doucement la tête. À peine le temps d'entendre une chanson qu'ils quittent déjà la scène, cela nous apprendra à nous bousiller les poumons. Ce que nous retournons néanmoins faire, sitôt les applaudissements retombés.



Viens le tour des quatre irlandais de Kowalski, vraie découverte de la soirée. Une pop légère, sans pour autant être désuète, un beat acéré, accompagné de ce qu'il faut de synthé, pour tout à la fois nous faire danser et laisser se ballader notre esprit, de la dream pop indé ce qui se fait de mieux. Un concert relativement court, ce qui se comprend mieux quand on sait qu'ils n'ont sorti que deux EP Are You Noisy Sunshine State et Take Care, Take Flight. Leur bonne prestation sera d'ailleurs récompensée par l'achat de ce dernier. On apprendra par la suite que c'est eux qui ont assuré la 1ère partie des Two Door Cinema Club, pendant leur tournée européenne. Comme eux ils sont irlandais et comme pour eux les premiers mots qui viennent à l'esprit pour décrire leur musique sont redoutable efficacité et apparente simplicité. Il ne leur reste plus qu'à connaître la même ascension.
Dernière pause avant le dernier concert. La salle est quasi comble, les groupies s'agitent déjà dans les premiers rangs, l'ambiance se fait de plus en plus chaude, alourdie encore par la moquette environnante. Qu'à cela ne tienne, la pop de Jack Tatum, l'homme qui se cache derrière Wild Nothing, est encore plus diffuse et rêveuse que celle de Kowalski. Mais troisième concert oblige, l'atmosphère de la salle devient de plus en plus confinée, on se sent de plus en plus à l'étroit, on a du mal à décoller et retrouver le côté aérien que pouvait avoir l'album. Finalement, plus le temps passe et plus on se fait à la moiteur ambiante, au souffle chaud de son voisin dans sa nuque, on finit même par lâcher prise et enfin se laisser aller, malheureusement pour nous le concert est déjà terminé.




Wild Nothing - Chinatown @ L'Espace B



BONUS:

Filez sur Saturdays = Youth pour l'ITW de Kowalski.

dimanche 7 novembre 2010

HE CALLED ME A FAGGOT


Rendez-vous vendredi dernier pour le seul jour du Festival des Inrocks auquel j'assisterai. C'est le prix de la précarité et surtout de demander son accred au dernier moment. On commence avec Free Energy, cinq grands gaillards venus de Philadelphie. Si sur disque je les trouvais ternes et dénués d'intérêt, sur scène il en est autrement. Complètement surexcités, ils dansent et sautent partout. Leur énergie est communicative puisque déjà les premiers rangs commencent à s'agiter. Bien que je n'accroche toujours pas à leur musique, trop lisse, leur prestation scénique m'a donnée envie de leur accorder une seconde chance. 

[MODE OBJECTIF OFF] Il n'y a pas qu'à eux que la scène réussit, pour le croire il suffit de regarder la performance de Surfer Blood, ce soir là, à la Cigale. Quand on les avait rencontrés, il y a quelques mois de ça, ils étaient dans l'euphorie du début, d'un de leurs premiers séjours en Europe. Après 7 mois de tournée non stop, à arpenter en long en large et en travers l'ensemble des États-Unis et aujourd'hui l'Europe, vivant et dormant dans leur van, ils ont gardé leurs bouilles poupones mais les traits sont tirés.


Stage invasion des Free Energy pendant "Swim" de Surfer Blood @ La Cigale


Sur scène, il n'en est rien, bien au contraire. La fougue des premiers jours est toujours présente, la précision en plus. Si leur concert en mai dernier m'avait charmé, celui-ci achève de me convaincre: les petits Surfer Blood sont devenus grands. On sent, chez ces adorateurs de Pavement, qu'ils ont pris de l'ampleur -d'aucuns diraient mûri-, qu'ils ne se contentent plus de reproduire les morceaux de leur album mais qu'à présent ils les habitent pleinement. Que cela soit sur leur tube "Floating Vibes" qui sonne plus lourd, plus âpre ou encore sur "Twin Peaks" où la voix de PJ, claire comme de l'eau de source se lance sans mal dans les aïgus, pour mieux revenir dans un cri pour le refrain. Sans oublier "Catholic Pagans" (ultimate favorite), qui résonnent comme jamais dans une Cigale qui finit enfin par s'échauffer. Moment d'allégresse sur "Swim" où Free Energy les rejoignent sur scène, dans un joyeux bordel ou encore quand Marcos vient jouer de la percu avec le public. Une petite demi-heure de concert et les voilà déjà partis. Pas rassasiées pour un sou on rêve déjà d'assister à l'un de leur concert en compagnie d'Interpol lors de la tournée européenne de ses derniers. [MODE OBJECTIF ON]



S'ensuit le tant attendu Carl Barât. Si le monsieur fait un peu tâche sur l'affiche américano-américaine, à tendance surf rock de ce soir, il s'en tire avec brio. Alternant ses morceaux solos à ceux des Libertines ou des Dirty Pretty Things, tout en s'effeuillant au fur et à mesure, pour le plus grand plaisir des demoiselles. C'est très joli mais bien poli pour l'un des ex leader des sulfureux Libertines. Et pourtant Carl fait des efforts pour communiquer avec son public, manque de chance il n'a toujours pas appris à articuler et on ne comprend pas grand chose, mais c'est l'intention qui compte, pas vrai? Mention spéciale au violoncelle et contre-basse qui l'accompagnaient, permettant de magnifier les morceaux solos, allant jusqu'à donner l'envie à certains de donner une seconde chance à son dernier album. Reste que le public est surtout déçu que Pete ne soit pas venu, preuve une fois de plus, que les deux lads n'ont jamais  été aussi bon qu'ensemble. On aime à croire qu'un nouvel album est en préparation, wait and see.

The Drums @ La Cigale, Festival des Inrocks 2010, Paris.

Pour clôturer la soirée, je demande le it-band du moment: The Drums. Après les avoir vus sur la grande scène des Eurockéennes, les voilà en tête d'affiche du Festival des Inrocks, devant Carl Barât, c'est dire s'ils sont "huge" en Europe. Bien câlées dans nos fauteuils au 1er étage on admire le jeu de jambes de Jonathan Pierce (chanteur) mais c'est à nouveau Mr Tambourine man qui a nos faveurs. Eux aussi, on pris du corps durant l'été, les morceaux gagnent en relief et offrent une seconde lecture de leur album. Le public est en transe et il ne semble pas le seul, puisque durant "Let's Go Surfing", Marcos (Surfer Blood) ne pourra s'empêcher de se jeter dans la foule. Mention spéciale à "Down By The Water" qui clôt leur show sur une note certes plus triste mais qui montre à ceux qui en doutaient encore que les Drums ce n'est pas que bon à sautiller et siffloter. 

mercredi 3 novembre 2010

FUCK LE SAMEDI, LE LUNDI, LE MARDI


Après avoir headbangée© dans la boue lors de la Route du Rock 2010 j'ai décidé de remettre le couvert jeudi soir dernier, à La Machine, pour goûter, à nouveau, au rock sans concession de ces chers petits Liars.

La mode semble être au double 1ère partie en ce moment, ce qui ne m'empêche pas de rater, comme à mon habitude, la première 1ère partie, bien que curieuse de découvrir Team Ghost sur scène (aka Nicolas Fromageau, ex-membre du duo de M83).

Après les retrouvailles avec la Tsugi crew, on va, une bière à la main, tendre l'oreille à John Wiese, la seconde 1ère partie donc. Pour les amateurs d'expérimentale noisy c'est sans doute le paradis, en mode je vous déconstruis la musique pour vous montrer la structure de cette dernière, mais pour les autres il est encore trop tôt pour ce genre de trip. On remonte donc fumer une clope, en s'interrogeant sur le dealer de ce monsieur.


A 22h30 tapantes (chose rare à La Machine, d'où la précision) le trio des Liars entre en scène. Première surprise ils sont cinq, preppy looks pour l'ensemble, mis à part le longiline Angus Andrew qui se la joue no style: tshirt informe, pas rasé et cheveux collés au visage. Dès leur entrée, on sent l'électricité montée dans la salle, comme si leur simple présence nous donnait déjà envie de nous trémousser. Pas besoin d'attendre longtemps puisque déjà les premiers riffs de guitare résonnent dans la salle et aussitôt on ne peut qu'être happé par cette puissance. Cela fait appel à nos instincts primaires, notre goût pour un son sale mais ô combien travaillé. On se prend de la sueur plein le visage (métaphoriquement) et on aime ça. Les morceaux s'enchaînent sans bavardage, les Liars font partis de ces groupes qui n'ont pas besoin de parler pour se sentir en osmose avec son public et vice versa, pour les raisons sus invoquées. Alternant des morceaux calmes à des morceaux endiablés on peut constater à quel point Liars maîtrise ses gammes, passant de l'un à l'autre avec la même énergie, gardant le public en haleine, le regard fixé sur Angus et sa danse de pantin désarticulé. On en redemandera par trois fois et on nos prières ne seront pas déçues, au contraire même puisqu'on aura même le droit à un inédit. Une vraie de leçon.